Art / Graff

Guillaume est originaire d’Évreux en Normandie. Ses parents, brocanteurs, s'installent à Rouen alors qu’il a deux ans. Pour des raisons professionnelles, la famille se déplace de ville en ville. À peine âgé d'une douzaine d'années, l'adolescent prend du plaisir à photographier les graffs réalisés sur les murs des régions qu'il traverse.

photo Ecloz graffeur à Rouen
Photo Rv Dols

Fin des années 1990

Guillaume repère à deux kilomètres de chez lui, sur la voie rapide sud III de Rouen, un hangar dont les murs sont investis par plus de deux cents fresques. À cet instant, sa vie bascule dans le graff. Tous les mercredis après-midi, il enfourche son vélo pour découvrir les nouvelles fresques du Hangard.

À l'âge de quinze ans

Accompagné par un ami d'enfance, Guillaume prend le train jusqu'à Paris. Les deux adolescents reviennent à Rouen avec une cinquantaine de bombes aérosol. Sans assimiler les codes qui régissent cette activité, les deux jeunes, maladroitement, recouvrent les murs de leur passion.

Pour accéder à un bon niveau, le parcours est sinueux. Seule, l'expérience des années de pratique révèle les talents. Guillaume devient Écloz. Il développe un style plus moderne, se démarquant ainsi de la première génération Rouennaise largement influencée par l'école New-Yorkaise du graffiti. Ecloz explore la 3D, technique qui se retrouve dans d'autres villes à la même époque.

Quand ses traits et son niveau s'améliorent

Ecloz décide de conquérir la rue. L'adrénaline et les interdits stimulent la vitesse d'exécution. Ses prédispositions pour le Graff lui permettent d'aller à l'essentiel. Dix-huit ans et le permis de conduire en poche, Ecloz commence à bouger avec ses potes. Ils parcourent les festivals en France et en Europe.

Dépourvu de haine à l'encontre de la société, Ecloz pratique assidûment « Le Vandale ». Les rues, les trains, les façades d'immeuble institutionnel deviennent ses cibles. Une passion pouvant être assimilée à de l’égocentrisme dans la mesure où l'auteur veut absolument voir ses fresques et son pseudo toujours plus haut, toujours plus gros. La rue Jeanne d'Arc à Rouen, à l'époque, est l'un de ses supports. L'art n'est pas pris en compte. Le défi et l'adrénaline qui en découlent obnubilent Ecloz qui, systématiquement, photographie toutes ses réalisations. De rencontre en rencontre, il élargit son réseau, Parisiens, Belges, Hollandais... des vandales habités par la même finalité.

En 2004

La Police vient le cueillir chez ses parents. Une enquête d'une quinzaine de semaines menée par la police urbaine de proximité Parisienne, met au grand jour l'action de quatre graffeurs : Arnak, Polux, Skul et Ecloz. Soupçonné d'avoir tagué 400 wagons de trains et des rames de métro d'Ile-de-France, Ecloz est placé sous contrôle judiciaire. Au bout de deux jours de garde à vue et une présentation immédiate au tribunal, Ecloz est redevable d'une amende de 20 000 euros. La loi est venue siffler la fin de la partie. Déception et amertume hantent le jeune homme pendant plus de douze mois. Sa raison de vivre, peindre des trains, n'avait plus lieu d'être.

Pendant plus d'un an, il est soumis à l'obligation de suivre une thérapie accompagnée de saisies sur salaire.

Après avoir gagné son procès en appel, l'amende est revue à la baisse et les six mois de prison ferme se transforment en six mois avec sursis. En définitive, cette péripétie permet à Ecloz de rebondir ; il crée son entreprise et vend sa peinture. L'aisance emmagasinée tout au long de ces années fait partie de son trait, il porte en lui la culture du Graff. La trajectoire d'Ecloz, graffeur de train, engendre un itinéraire qui légitime la naissance d'un artiste aujourd'hui reconnu. Sa peinture se négocie aux alentours de 3 000 euros le mètre carré et certaines de ses toiles trouvent acquéreur à partir de 10 000 euros.

Je suis un mec qui est un peu à la marge, j'ai du mal à me mouler dans cette société que je trouve plutôt foireuse. Aujourd'hui, j'ai trouvé une activité qui me fait gagner de l'argent et payer des impôts. J'évolue dans un monde qui me plaît, je n'ai pas de contrainte. Je travaille 90 heures par semaine, ce n’est pas du travail mais du plaisir.

L'artiste vient de la rue, sans véritable réseau ; au fil du temps il a su imposer son talent aux yeux de tous.

Le luxe pour moi ce n'est pas de courir après l'argent, mais de prendre le temps de me nourrir avec les yeux. Je peux très bien voir une affiche déchirée dans la rue et passer plus d'une heure à la décoller parce qu'elle m’intéresse. Ensuite, je réintègre celle-ci dans un processus créatif.

Ecloz sans détour

Je suis satisfait quand je finis une toile. Deux minutes après, je n'ai plus aucune attache avec ma toile. Je peux la vendre ou bien la donner. Trois minutes plus tard, je ne suis plus satisfait par mon travail, j'ai envie de faire autre chose, quelque chose de mieux. Je pense que je cherche mon identité et que pour l'instant je ne l'ai pas encore trouvée. Je suis conscient d'avoir une bonne technique dans mon domaine, mais je ne suis pas encore en adéquation avec ce que j'ai dans la tête et ce que j’exprime sur les toiles. Dans la nouvelle série que je prépare, je prends des risques. Je produis des tableaux empreints de mon humour, je ne connais pas le résultat final pour l'instant. Je pense que plus l'idée sera puissante, plus le format sera grand.

www.ecloz.fr

Propos recueillis par Rv Dols / rv.dols@oeilpaca.fr

Processus

Livre Pierre Jean Amar, la photographie histoire d'un art

"Toile mixte sur plexi 80 cm x 80 cm De Gaulle par Ecloz"

Le photojournalisme par Pierre-Jean Amar

"Toile mixte sur plexi 80 cm x 80 cm Bernard Tapie par Ecloz"

Histoire de la photographie

"Toile mixte sur toile plexi 80 cm x 80 cm Rocancourt par Ecloz"

Les 100 mots de la photographie

"Toile mixte sur toile plexi 100 cm x 100 cm par Ecloz"

Ecloz peinture
Ecloz artiste
Ecloz peintre