SIL

Lise est originaire d’Orange dans le Vaucluse, sa maman est professeur de modelage, son papa est sculpteur. Naturellement, enfant, elle s’essaye à l’exercice, sa mère a toujours encouragé ses initiatives créatives. Lise prend des cours de dessin, l’ardeur qu’elle met dans son éducation artistique lui permet de progresser, d’aiguiser son sens de l’observation, sa dextérité et sa technique. Dès l’âge de dix ans, Lise trace sa voie, elle veut faire une école d’art, pour parvenir à ses fins elle épargne.

Après le bac, de 2009 à 2012 Lise suit un cursus à l’école supérieure des métiers artistiques de Montpellier. En sortant de l’ESMA, elle obtient des contrats (CDD) dans différentes entreprises, elle occupe des postes de graphiste et de directrice artistique. En collaboration avec des confrères, elle participe à la création d’une agence de communication, l’expérience fut infructueuse.

Sil artiste peintre
SIL Photo Rv Dols

L’impression de s’égarer l’envahit, le sentiment de trop-plein la submerge, elle prend la décision de retourner aux sources. Lise se rapproche du cocon familial pour se régénérer. De retour à Orange les réseaux se réactivent, l’environnement lui apporte la stabilité.

Lise est SIL

Lise donne des cours de dessin et poursuit ses recherches avec acharnement. Elle expose par plaisir, elle affectionne le regard des autres sur son travail, les demandes affluent, Lise n’a plus le temps de dispenser des cours. SIL poursuit ses recherches, s’inscrit à la maison des artistes, aménage son atelier et part à la conquête de son art.

Le processus créatif

La créativité de SIL se décline sur différents supports, le bois, la toile, le métal, sans vraiment trouver celui qui lui convient. Dans son atelier elle fait tomber de l’acrylique sur la robe à fleurs qu’elle porte. Pour ne pas la jeter, peut-être aussi un peu par dépit, elle décide de lui donner une seconde vie, elle la découpe et l’installe sur un châssis. C’est la rencontre avec son support. Elle prend un plaisir incommensurable en peignant sur le tissu. La série « Le Fond fait La Forme » est née de cette expérience bénéfique. Une cinquantaine de tableaux vont suivre. Elle s’acharne sur des tissus imprimés élaborés jadis par des graphistes. Elle détourne la végétation, les fleurs, pour les réinterpréter jusqu’à les sublimer. En préservant la transparence originelle du tissu, elle permet aux motifs d’apparaitre dans les visages qu’elle peint.

Toile peinture portrait
SIL Photo Rv Dols

Artiste chimiste

En passant d’une série à l’autre, une remise en question s’opère. SIL refuse de tomber dans le confort. Ses fonds de tissus et l’acrylique sont une constance, le reste peut évoluer, elle adapte sa technique en fonction du sens qu’elle souhaite donner à sa production.

Ses grands-parents étaient blanchisseurs, ils possèdent des stocks de draps épais d’une époque révolue. SIL s’en empare, elle inflige des traitements de toutes sortes aux draps qui se métamorphosent. L’intention est de réaliser ses propres motifs sur ses fonds. La première étape consiste à tremper les draps, souvent dans un mordant, par exemple le lait de soja qui a la propriété de fixer la future teinte. La seconde étape est dédiée au bain marie à base d’oignons, de betteraves, ou d’orties… elle agrémente en fonction de la teinte qu’elle veut obtenir, puis elle laisse sécher. L’étape suivante, le Drippings, technique popularisée par Jackson Pollock (Janet Sobel 1894/1968 en est l’inventrice), les projections sont composés de peinture, de vin, de café, de chlore, de sulfate de fer… Le but est de faire ressortir les contrastes, les tons, de donner une consistance à la matière. Une fois sec, SIL peint des portraits sur ses fonds qui sont en parfaite harmonie avec ses sujets. Pour fixer le tout, elle utilise du vinaigre blanc qu’elle pulvérise sur la surface de la toile.

Avant tout une portraitiste

Le portrait est une pratique académique, insérer du tissu imprimé apporte une touche contemporaine, l’équilibre entre les deux confond le tout dans un ensemble. SIL excelle dans cet exercice qu’elle affectionne tout particulièrement. Il y a plus de quinze ans, elle voulait déjà faire du portrait, mais elle était incapable de retranscrire la moindre émotion.

Il lui a fallu des années d’abnégation dans ses recherches pour acquérir les bons gestes et passer par des étapes de la vie qu’elle restitue dans ses créations. Dans une période confuse de son existence elle déclinait de l’abstrait sur ses toiles, plus tard les mollusques ont signifié un état végétatif, puis les enfants sont apparus comme pour galvaniser une renaissance. C’est à l’âge de trente ans qu’elle s’émancipe réellement des contraintes de la vie et dirige son travail vers des visages et des émotions.

Ses portraits valorisent l’humain, SIL recherche l’interaction, à tel point que l’on ne sait plus qui observe qui. Une corrélation surgit des yeux dans lesquels on a envie de se perdre.

L’interprétation du regardeur est souvent générée par son propre vécu, le talent de SIL c’est aussi de permettre de voir ce que l’on veut bien voir.

SIL expose

SIL participe chaque année à la FIAC de Marseille, elle affectionne tout particulièrement les rencontres avec le public et les autres artistes. L’univers chaleureux mêlé d’échanges et de conseils attire la jeune femme.

Elle développe une multitude de partenariats de revalorisation du territoire en harmonie avec l’art et d’exposition en exposition, elle s’ouvre aux autres pour continuer son ascension personnelle.

Représentée par la galerie D’ART D’ART à Orange (84).

www.silcreatrice.com

Texte et photo Rv Dols : photojournaliste@oeilpaca.fr