Brodeuse d'Art
Magali est originaire du Pas de Calais. Elle a trois ans quand ses parents s'installent à la Roque d'Anthéron, dans les Bouches-du-Rhône. La broderie et la couture l'ont toujours attirée. La transformation des tissus en robes « extraordinaires » exerçait sur elle une véritable fascination.
Alors qu'elle n'est qu'une enfant, Magali apprend la broderie traditionnelle et les points de base. Après un cursus technique et commercial dans un IUT, elle se consacre à ses trois enfants. C'est à l'âge de trente-cinq ans qu'elle décide de suivre deux formations en spécialisation haute couture et ameublement broderie d'intérieur à l'école Lesage de Paris. Là, elle acquiert la maîtrise des techniques professionnelles, dont le fameux Point de Lunéville.
Le Point de Lunéville est inscrit au Patrimoine culturel immatériel de France
C'est vers 1810 que la technique de la broderie de Lunéville fit son apparition. Elle se pratiquait sur un tulle de coton à l'aide d'un crochet. En Lorraine, la broderie devint très vite une activité dominante. Après la Seconde Guerre mondiale, la broderie perlée et pailletée est en plein essor. La haute couture l'utilise pour sa diversité et sa capacité à restituer divers effets, notamment les rendus lumineux.
En quête de partage
Le Point de Lunéville est méconnu dans le sud de la France. Magali est animée par l'envie de partager. Elle organise des stages d'initiation qui contribuent à la notoriété de cette technique de broderie au crochet.
Elle développe des partenariats. En collaboration avec la manufacture Brun de Vian Tiran (huitième génération depuis 1806), elle anime des ateliers de démonstration. Dans un esprit de recyclage, la manufacture donne de la matière à Magali avec laquelle elle propose des animations soit pour adultes, soit pour enfants. C'est d'ailleurs elle qui a brodé le symbole (Logo) de la manufacture, un Bélier, qui est exposé dans le jardin du musée.
En 2021, la brodeuse d'Art exposera ses productions avec le collectif « La caravane des créateurs » composé d'une vingtaine d'artistes. Chacun a un petit espace alloué dans le magasin qui se trouve 4 rue Carnot, 13 210 Saint-Rémy-de-Provence.
L'Atelier
En 2017, elle fait l'acquisition d'un garage dans la ville de L'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse). Le local est situé Quai des lices Berthelot. En collaboration avec une jeune architecte, elles repensent les espaces du sol au plafond. Dans son atelier elle travaille, crée et organise des formations. Le lieu est ouvert au public uniquement sur rendez-vous. Magali concède qu’« Avoir son propre atelier était un rêve".
Un Art manuel moderne
Les recherches de Magali confèrent de la vivacité à cette technique du Point de Lunéville. Tout projet est précédé d'une réflexion. Pour matérialiser sa future création, Magali réalise un dessin. Puis intervient le choix des matières et des éléments à incorporer. Elle s'inspire de l'air du temps en englobant des matériaux recyclés. C'est ainsi qu'elle réutilise des chutes de soie, des cravates pour en faire des rubans... Un peu plus étonnant, pour rajouter de la lumière dans une conception, elle découpe des CD en guise de perle. Bien que ce soit une technique qui a plus de deux cents ans, Magali peut associer les nouvelles technologies à certaines de ses créations. Dans une robe, elle a inséré un circuit électrique fait avec des fils de cuivre provenant de câbles informatiques. Elle utilise le Laser pour découper le cuir ou le bois et emploie l'impression 3D sur du textile.
Galerie
Pendant cette année blanche générée par le COVID et son cortège de confinements, Magali a éprouvé le besoin d'exprimer son ressenti engendré par cet exutoire « Abalone L'hommage à la nature ». L’œuvre représente le profil d'un visage humain conçu avec des matières naturelles comme des coquillages et du fil de fer doré sur fond de velours de soie noir. Le tout encadré dans un écrin de recyclage en carton, réalisé par Cécile Chapuis de l'Atelier du Carton Noir à L'Isle-sur-la-Sorgue. D'autres tableaux avec des variations sur le même thème ont suivi. Courtisée par une galerie d'art contemporain, Magali se donne le temps de la réflexion, un dialogue est ouvert.
Magali: La broderie c'est un langage, un moyen d'expression. L'atelier c'est vraiment un endroit où je me sens bien, si je pouvais j'y dormirais. Je suis consciente d'avoir la chance de pouvoir m'exprimer avec la discipline que j'affectionne.
Magali Beaumont brodeuse d'Art, le site: www.magali.beaumont.fr
Rv Dols: photojournaliste@oeilpaca.fr