Pays de Schiste et de Granit

Les Cévennes ne font pas partie d’une collectivité territoriale française, ni même d’un département, elles sont dépourvues d’administration et d’unité politique. Les Cévennes s’étendent sur environ 300 km du Mont-Lozère au Mont-Aigoual. Son territoire se loge sur l’Ardèche, le Gard, l’Hérault et principalement la Lozère qui abrite son Parc National d’une superficie de 3 730 km² où culmine le pic Finiels à 1699 mètres.

Réduire les Cévennes à une barre de Schiste et de Granit est un peu simple. Son passé est rocailleux, mêlé d’eau, de religion, de sang, d’arbre à pain, d’arbre d’or, de soie, de charbon, de femmes et d’hommes qui ont façonné cette région.

Paysage des Cévennes
Les Cévennes Photo Rv Dols

Un peu d’Histoire

Il y a plus de 2000 ans, César et ses légions traversèrent les neiges des Cévennes pour se rendre en Auvergne. Des Romains s’établirent. Ils plantèrent les premiers Mûriers qui venaient de Perse. Au moyen âge, les Grecs et les Italiens importèrent à leurs tours des Mûriers de Chine. Mais c’est l’arbre à pain, le Châtaignier endémique de cette région, qui nourrit les Cévenols en premier.

Les frontières des Cévennes furent déterminées en 1628 par Antoine Sercamanen qui était un géographe au service du Roi. À partir de 1660, pour ne pas subir les représailles des autorités, les protestants qui vivaient dans les vallées furent contraints d'entrer dans la clandestinité. En 1685, l’accord passé avec le pouvoir catholique fut aboli (révocation de l’édit de Nantes), une répression sanglante s’installa. Les Camisards (protestants portant une chemise pendant les combats) luttèrent avec des armes obsolètes contre les armées du Roi. Les inquisiteurs atteignirent le paroxysme de l’horreur en massacrant femmes et enfants dans des circonstances dépourvues d'humanité. En 1789, la Révolution française mit un terme aux exactions.

Le capitalisme

Au début du 18ᵉ siècle, une grande partie des châtaigniers gelèrent pendant l’hiver. Les Mûriers (l’arbre d’or) qui bénéficient d’une croissance plus rapide furent plantés et la production du ver à soie s’intensifia à partir de 1740. Des Magnaneries (local destiné à l’élevage des vers à soie) virent le jour un peu partout dans les combles des mas. À Saint-Jean du Gard, vingt et une filatures tissaient des bas en soie à destination de la bourgeoisie. Vers 1860, les Cévenols arrêtèrent de planter des mûriers.

Mont Finiels OEILPACA
Les Cévennes Mont Finiels Photo Rv Dols

En 1840, s'achève la construction de la voie ferrée. Pendant l’apogée de l’exploitation minière, elle servait à acheminer la houille (combustible minéral, provenant de végétaux préhistoriques et constitué de 75% à 93% de carbone pur) dans les villes adjacentes. L’extraction minière est interrompue depuis 1980. De nos jours, l’exploitation forestière et le tourisme vert sont les principales ressources économiques. Les randonnées furent popularisées par un écossais (Robert Louis Stevenson) et son âne. Dans ses récits, l’écrivain a inventé en 1878, le terme « Les Cévennes des Cévennes » en tenant compte des tracés des frontières réalisés en 1685 par le protestantisme prophétique et clandestin.

L'eau

La barre rocheuse des Cévennes a un rôle prépondérant dans l’approvisionnement en eau, elle est communément définie comme un château d’eau. Le versant méditerranéen est alimenté par le département du Gard qui donne naissance aux fleuves côtiers que sont l’Hérault (source Mont-Aigoual, se déverse au Grau d’Agde dans la Méditerranée - Longueur 147 km) et le Vidourle (Source St Roman-de-Codières – Altitude 450 mètres – Longueur 95 km – se jette dans la Méditerranée au Grau-du-Roi. Son cours est partiellement souterrain jusqu’à Sauve, il alimente la source du Lez qui passe par Montpellier).

Les rivières de La Cèze (Source Saint-André-Capcèze – Altitude 798 mètres - Lozère - Longueur 128 km), de Chassezac (Source Saint-Frézal-d’Albuges – Altitude 1503 mètres - Lozère – longueur 85 km) et les systèmes des Gardons (Le Gardon est la principale rivière de ce système, il prend sa source à Saint-Martin-de-Lansuscle, à 1050 mètres et parcourt 127 km jusqu’au Rhône, c’est lui qui passe sous le Pont-du-Gard) sont des affluents de la rive droite du Rhône.

Le versant atlantique est composé de trois rivières : le Tarn (Source Mont-Lozère sur la commune du Pont-de-Montvert – Lozère – Longueur 380 km – il rejoint la Garonne à Saint-Nicolas-de-la-Grave), le Lot (Source montagne du Goulet - Lozère - 1300 mètres – Longueur 485 km – se jette dans la Garonne) et l’Allier (Source Mende – Lozère – Longueur 420 km – se jette dans la Loire).

Toute cette eau émane en grande partie des épisodes cévenols qui interviennent majoritairement en automne. Les vents chauds chargés en humidité qui proviennent de la méditerranée sont bloqués par la barre rocheuse des Cévennes, ils se confrontent à l’air froid présent en altitude et forment des nuages aux pluies abondantes. Cette situation peut perdurer pendant un ou deux jours. Dans les cas extrêmes, cinq à six jours de précipitation abondante génèrent des inondations majeures.

www.cevennes-parcnational.fr

TEXTE Claire Fabre : claire.fabre@oeilpaca.fr - PHOTO Rv Dols : photojournaliste@oeilpaca.fr